lettera
lettre à un ami,
Rencontre...Ce matin je pensais que sa rareté tient surtout du fait que très vite nous passons de son événement à un "rend-compte"; nous allons facturer sa fortune, sceller son ouverture, obscurcir son horizon, et dans bien des cas passer à la suivante sans en avoir entendu le moindre appel. Ou pire encore nous pouvons passer des années auprès d'un être dans le simple déni de l'avoir rencontré...
Il y a une dette inscrite sous la langue qui frétille.
Il y a un art qui mène à la rencontre qui motive tous nos sens. On a cette impression d'un aller simple...Cette sensation durera peu..C'est d'ailleurs étonnant qu'on s'y attarde autant...Notre culture est bâtie sur ce vent qui nous pousse croit-on au large alors que nous allons vers des terres connues et foulées des milliers de fois. Il suffit de voir un couple pour en saisir de suite la part archi-écrite de leur histoire...Il n'y a qu'à attendre ce jour déjà enregistré où l'un dira à l'autre qu'il s'est trompé...(Ce qui n'est pas vrai mais la "vérité" semble peu intriguer notre faux voyageur)
Je me souviens de ce film "sex lies and videotapes" dont la fin desservait tout le propos du film. Pour résumer c'est l'histoire d'un homme qui se cherche au travers de ce qui fait jouir une femme ( il est obsédé par la masturbation féminine) et il chemine au gré de ses rencontres qu'il filme jusqu'au jour où il rencontre un vieil ami, marié à une belle passante encore endormie par la fable sociale. Bref ils se "rencontrent" et l'amour pointe son bout de nez. Et alors là...Fi de tout son chemin personnel, on passe vite à la fin où le mec ne va ni plus ni moins que prendre la place du mari...Comme si l'existence était juste une erreur de "casting"!!!
Bref ça donne à réfléchir sur l'idéal qui se cache derrière tous ces affectations de l'âme...Si c'est pour juste passer par la même porte que tout un chacun...(donc de personne)
Faut juste trouver le "bon" ou la "bonne"...E la nave va...
Quel ennui que ce voyage organisé, passeporté...(ennui dérive du mot "haine"...cqfd...)
Alors je te dirais que dans ces temps qui courent à remplacer Paul par Jacques pour surtout rester sourd à ce qui se met en branle dans une "rencontre", il est fort probable que la chance d'y aller voir plus loin soit d'accepter que commence une rencontre là où son idéal se perd, là où elle se fait vacuité...
Ce vide qui prend place de notre coeur est paradoxalement cette petite lueur au large qui entonne son appel.
Là commence le voyage, seul composant de ceux qui veulent du désir qu'il demeure désir, quelle qu'en soit l'errance.
Bien à toi
Sébastien