lundi 26 février 2007

Février 2007

Au matin la voix de G. Lesne sur un air de Caldara. J’entends le temps de cette musique, j’en perçois la couleur et le verbe. Il est assez fou de penser que ce soit encore audible, c’est si loin quand on y pense…

J’ai toujours cherché autant que perdu cette simple et si rare déclinaison du geste… Je ne connais qu’aimer qui puisse atteindre une telle verticalité du temps. Ici, là, vous, oui.

Bien sûr les guerres d’Irlande… Et puis tout près de vous le son du clavecin, du théorbe, de la viole de gambe qui ouvrent votre regard sur une sente écartée du sud de l’Italie, les orangers et les citronniers en fleurs le long de la venelle qui descend au port, le petit café où dans une robe blanche, les deux pieds appuyés sur la balustrade elle lit un livre dont j’ai oublié le nom.

Son sourire, ses formes sous la robe que la brise tangue, ses mains sur le livre que vous avez peut-être écrit, temps magique et secret auquel vous avez souscrit pour toujours.

Le temps du possible, le possible d’un temps?

Ou sans doute, sans même l’appui du doute apprendre à déjouer tout ce qui voudrait que ce n’y soit pas… vous prive de cette lagune, de son invitation… J’ai été, je suis, je serai… A chaque fois qu’il est une fois et demeurer que de ne pas mourir je meurs…

Sébastien Braun