mercredi 5 mars 2008

Présentation Expo mars 2008

*
Dessins de Hernan L. Toro
du 21 mars au 21 mai 2008
















vernissage jeudi 20 mars à 18h00

24 dessins sur papier aquarelle Sennelier 24x32 cm.
Technique mixte : marc de café, sanguine, pierre noire, encre de Chine.


Blogs de Hernan L. Toro :

(Peinture et dessins)

http://workbyhltoro.blogspot.com/

Pictura :

(Works in progress: écriture, dessin et peinture)

http://miradacteon.blogspot.com/

Cabinet des dessins :

(dessin et poésie)

http://miradacteon.blogspot.com/


Une certaine arrogance de l’art contemporain a voulu faire du progrès des arts le propre de sa disparition ; c’était sans compter que l’on peut rencontrer la nudité sous la forme de son éternité. Ces dessins ne souscrivent pas aux prérogatives du temps, en sont leur point de fuite. Hier comme aujourd’hui, demain comme maintenant, encore du nu. Fin’Amor



Montrer la lumière, le nu

La lumière, nous voudrions aller vers elle quand déjà elle vient vers nous. Nous la croyons dehors, elle est déjà sensation. Dehors, dedans ?

Nous ne sommes pas nus dans la nature, nous ne sommes nus que pour quelqu’un. Qui t’a appris que tu étais nu ? Peut-on lire dans la Genèse. La nudité peut passer pour empirique, n’empêche, elle prend effet à partir d’un voilement. D’où résulte que la pudeur soit cortezia dans le savoir.

Cette lumière-là est dans le corps mais n’est pas du corps, et l’empreinte qu’elle nous laisse est fille d’un hybride : dedans dans la trace, dehors par la rencontre. Mais est-ce la lumière, est-ce le corps ? Est-ce dedans ? Est-ce dehors ?

Un lieu hors lieu

Depuis des années, Hernan L. Toro, poursuit un travail où dessins et poésie se partagent le même sillage sur des voies parallèles. S’ils ne se rencontrent pas, ils ont en commun le fait de pointer vers ce lieu qui ne se trouve pas en eux-mêmes. Dans ce sens, ce que dans un poème il dit du poème, peut tout aussi bien s’appliquer à ses dessins. Le poème s’intitule : . Le voici :

le poème n’est

pas dans le poème

ajoutes

même lieu qu’un

plaisir ancien

qui n’use d’aucun mot

et suffit

séparé





*

Le dessin comme Fin'Amor

Entretien avec Hernan L. Toro

"La parole ne dit pas ce que l’on voit, le tableau ne montre pas ce que l’on dit, entre les deux l’intervalle se dérobe. C’est l’impossible qui les fait tenir"




Q — Il y a cette femme qui regarde tes dessins et qui me dit « j’ai déjà vu ça aux Beaux-arts ». Ce qui évidemment m’étonne parce que les Beaux-arts et toi… ça n’a pas été une grande histoire d’amour… J’ai l’impression que dès qu’elle voit un « nu » elle pense académisme pour peut-être ne pas écouter ce qu’elle a sous les yeux. Pourrais-tu lui expliquer la différence entre un « nu » et un « nu » ?

R — Difficile de répondre, je ne pense pas qu’on puisse expliquer. Difficile parce que comment savoir quelle idée se fait chacun de l’art en général, et du dessin en particulier ? Que voit-on ? Comment ? Le goût n’a d’autre préalable que le plaisir ou déplaisir que l’on peut en retirer. Hier, là, je ne voyais aucune nuance, mais maintenant en m’y attardant davantage, si… c’est un peu comme quand on entre dans une pièce peu éclairée, au début c’est le noir complet, puis les pupilles se dilatent, des éclats estompés détachent une silhouette du fond ; fond qui d’abord est bleuté et gris puis ensuite se voit perlé d’ocres, et enfin, il annonce de façon indécise une poussière dorée entourer la figure à contre-jour, si on peut appeler cela contrejour, c’est seulement alors que nous nous tournons vers ce lieu hors cadre, la lumière vient de là, l’autre pièce est éclairée, on devine le beau temps dans le jardin, mais ici l’ombre demeure, Rembrandt reste. Impossible d’expliquer, on ne peut pas se substituer au corps de l’expérience, au séjour d’autrui.

« J’ai déjà vu ça » peut vouloir dire plusieurs choses et en connoter quantité d’autres. Dans le contexte, d’après ce que tu me dis, pour elle la connotation était négative. Mais pour cela il y a plus simple, on peut ne pas aimer ce que je fais.

Quant au dessin, il y a un seul lieu. Pour dessiner il faut aller là. C’est ce qui sépare l’art de la simple expression subjective. On peut se défouler ça peut soulager, pour l’art il faut repasser, refaire le chemin.


Il faut y aller. Est-ce à dire que celui ou ceux qui peignirent la grotte de Chauvet 30 000 ans avant notre ère et, par exemple, Watteau au XVIIIe siècle, ont dû aller au même endroit pour y faire trait ? La réponse est, oui. Quand ils ont découvert la grotte, la qualité artistique du dessin était telle qu’un nom leur est venu à l’esprit, celui de Michel-Ange. Du « déjà vu ». Là nous parlons de 30 000 ans. Ceci me fait penser à ce que Barthes posait comme question, question que selon lui chacun devait se poser — de qui suis-je contemporain ?


Il y a du dessin parce qu’il y a du trait, comme pour la voix dans le chant il y a tessiture. Le trait c’est comme les empreintes digitales, quelque chose d’unique en chacun. Seulement, on a beau l’avoir ce trait, encore faut-il acquérir, il faut y aller.

Avant qu’un dessin puisse voir le jour, des choses se sont inscrites en nous, traces, marques, stigmates, reliquats, legs d’un jour sur terre. Artiste ou pas. C’est cet amont que le dessin est censé rencontrer ; c’est vers cet amont que le dessin reste tourné. Dans le dessin il en va de ce que Proust disait au sujet du livre : « Le livre aux caractères figurés, non tracés par nous, c’est notre seul livre. Non que ces idées que nous formons ne puissent être justes logiquement, mais nous ne savons pas si elles sont vraies. Seule l'impression, si chétive qu'en semble la matière, si insaisissable la trace, est un critérium de vérité, et à cause de cela mérite seule d'être appréhendée par l'esprit, car elle est seule capable, s'il sait en dégager cette vérité, de l'amener à une plus grande perfection et de lui donner une pure joie. » Pour ajouter ensuite (nous sommes dans le « Temps retrouvé ») « Ainsi j’étais déjà arrivé à cette conclusion que nous ne sommes pas libre devant l’œuvre d’art, que nous ne la faisons pas à notre gré, mais que préexistant à nous, nous devons, à la fois parce que qu’elle est nécessaire et cachée, et comme nous ferions pour une loi de la nature, le découvrir. » Michel-Ange disait la même chose de son marbre.

Q — Ces dessins sont pour la plupart une reprise d’un travail antérieur. Certains même sont devenus des peintures. Que vas-tu rechercher dans cette reprise, dans ce recommencer du même thème?

Je suis lent. Le dessin n’appartient pas au temps, moi si. De ce fait résulte une certaine circularité ; il se produit un effet de retour, je dis effet, parce qu’il est plus probable qu’il s’agisse de la persistance de quelque chose, sa réitération. D’un encore. Sans compter que dans le tas il y a beaucoup de ratés, j’apprends de moi-même, des autres. A chaque fois il s’agit de trouver le passage. Comment je sais qu’il y a du dessin là ? Par éclats, par des bribes, c’est quelque chose de fugitif qui se présente, dès lors dessiner consiste à en suivre la trace, lire ce qui est là. Plus l’expérience se répète plus j’approche du tableau, la couleur apparaît. Ce n’est donc pas reprendre un travail passé mais plutôt, revenir là où j’étais, aller là où je suis. Pour le dire on est obligé d’introduire le temps, or cela a lieu dans l’espace.

Pour terminer disons que le désir est indestructible et que l’on peut vivre son corps sous la forme de son éternité.

Q — En repensant à l’origine du monde de Courbet, et à la fascination que ce tableau a exercée pourrais-tu nous dire ce que ce tableau a créé comme écart entre ce qui est montré et ce qui ne se voit pas ; en quoi ce que tu peins raconte bien autre chose que le «voir ».


Courbet. Pour moi c’est toute une histoire et un dessin (ci-contre). Je dois bientôt écrire à ce sujet. A suivre donc.

Autre chose que « voir ». Je ne crois pas que l’opposition soit entre ce qui est montré et ce qui ne se voit pas ou qui serait autre chose que « voir ».


Je ne dirais pas ça comme ça. Car aussitôt c’est pour entendre dans l’arrière-cour des sommations d’invisible dont l’art n’a que faire, une sorte de charité théologique, c’est se tromper de vocation. Si par là l’on voulait chasser l’obscène, c’est raté, on fini avec le gibier en bouche.


L’art n’a pas trait à ce qui se voit, ou ne se voit pas, mais à ce qu’il y a. Le montrer résulte de ce que la parole ne résorbe pas ce qu’il y a. La parole ne peut ouvrir que sur un là. Je ne sais pas si c’est le tableau qui crée cet écart, ou si le tableau, tout comme la parole d’ailleurs, nous le dévoile seulement. L’écart que nous sommes. La parole ne dit pas ce que l’on voit, le tableau ne montre pas ce que l’on dit, entre les deux l’intervalle se dérobe. C’est l’impossible qui les fait tenir.


De cet impossible, l’art est, puisque nous somme en Tolosa, Fin’Amor.



Affiche Expo mars 2008

*

Si —

un mot apportait à nouveau le voile

sa constellation

et qu’en user était donner un pas dans le littoral

et si l'horizon de ne pas avoir nombre, muait :

aucune quantité ne serait aussi nue que la rencontre








(cliquez sur l'affiche pour l'agrandir)


si un mot était

prolixe espèce dans ses boucles

comme l’épi pour les grains

un seul dans le littoral

et si, comme le soleil, au moment de se perdre

il laissait cette même couleur sur la pierre

et dressait dans la mémoire

— constellation

alors

alors l’arc ferait retour

on entendrait une chanson










*

mardi 4 mars 2008

Galerie 01

Sur papier aquarelle 24x32 cm
sanguine, mare de café, fusain, encre de Chine











































































*

Galerie 02

Sur papier aquarelle 24x32 cm
sanguine, mare de café, fusain, encre de Chine







































































*

Galerie 03

Sur papier aquarelle 24x32 cm
sanguine, mare de café, fusain, encre de Chine




























































































*

Galerie 04

Sur papier aquarelle 24x32 cm
sanguine, mare de café, fusain, encre de Chine































































*