samedi 16 janvier 2010

juin 2010


Que salubre est le vent



A un moment ils se taisaient. Comme si ils étaient allés trop loin ou pas assez; la possibilité de dire avait disparu, s’était consumée sans qu’ils puissent se souvenir où et quand cela s’était produit. Ils sentaient la distance que leur vie avait prise avec eux-mêmes mais ne parvenaient plus à l’entendre. A peine encore se rappelaient-ils un désir lointain, une route qui à un moment s’était offerte à eux mais si le souvenir en restait conscient, les raisons qui les avaient amenés à ce croisement, elles, s’étaient totalement évanouies. Quelquefois au cours d’une soirée, peut-être à cause d’un bruit lointain ou d’une odeur voisine, leur regard se perdait, semblait s’absenter dans une vaine recherche d’un mot ou d’une histoire, mais très vite ils se reprenaient, souriaient d’un air maladroit et en concluaient que cette histoire, si elle avait un jour existé, n’était pas la leur. Existe-t-il une histoire humaine qui soit autre chose qu’une renonciation?

Chère imagination, ce que j’aime chez toi, c’est que tu ne pardonnes pas…